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Ar Roue UBU
La Presse en parle
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MORLAIX et son
Pays
Vu,
Avec UBU, le rire prend les armes.
Ubu est un homme
de pouvoir et il est prêt à tout pour
assouvir ses appétits gloutons. C’est Bob Simon
qui incarne ce personnage sorti de l’imaginaire
d’Alfred Jarry.
Cet Ubu-là qui « conciliabule » en
breton du Léon a fait tant d’orgies que son corps
a épousé la forme d’un bulbe. Son nez
en carton-pâte symbolise l’étroitesse de
son âme vulgaire. Son chapeau pointu invite au carnaval des
fous. Même en ne pipant que quelques mots de la langue de nos
pères, on rebondit comme un ballon (de canon)
d’une scène à l’autre.
D’un acte à l’autre. Dans ce
mille-feuille qui aurait sans doute mérité
d’être élagué, les effets
comiques se bousculent. Transformables, les décors se
recyclent sans cesse. Ar Vro Bagan et sa troupe de comédiens
aux rôles multiples, happent la salle sur un rythme preste,
un mouvement perpétuel au service d’une outrance
satirique.
La bienséance est priée de se tenir à
distance. Quand le conseil royal s’assied sur le
trône, c’est pour tirer la chasse. Au fil de la
farce où grondent les pets sonores, on retombe en enfance.
Tad Ubu n’est pas seul, mam Ubu (Nikol Ar Vourc’h),
tonique à souhait, mène son balourd à
la baguette. Tandis qu’une armée de soldats en
chair et en os se dédouble par le biais de pantins de
chiffon qui s’animent dans les castelets.
Le spectacle vivant use des quelques ficelles qui font sa magie. Les
effets guignolesques se prolongent dans la vidéo qui tient
à la fois du film d’animation et de la bande
dessinée (un régal). Dans ce monde «
ubuesque » intemporel, les financiers finissent chez le
bourreau et les tribunaux passent à la trappe sans autre
forme de procès (impression de déjà
vu…).
Suivez la cible, elle est dessinée sur le ventre du bouffon.
Les rires que le public décoche vers le pleutre roi, le font
vaciller. Dans le miroir de ses ambitions grotesques, se projettent des
comptes que l’on aurait bien envie de régler sur
le champ. Depuis Jarry, la morale n’a pas changé.
Ce ne sont pas forcément les tyrans qui menacent, mais la
médiocrité. Merdre alors ! Kroc’h en
breton « ubuesque ».
Françoise LE
BORGNE
Ouest-France du
06/02/2008
Photos de Marc LETISSIER
Traduite
en breton et mise en scène, Lakaet e brezhoneg ha
leurenniet gant : Goulc'han Kervella.
Expression Corporelle, Labour Korf : Jocelyne
Boennec
Lumière, Goulou :
François-Éric Valentin.
Décors, Kinkladur : Jean Broda, Yann
Poezevara, Jean-Claude Merdy, Jacques Hélary.
Costumes, Gwiskamantoù : Nolwenn Castel.
Musique, Sonerezh : Jakez ar Borgn.
Bruitage, Trouzioù : Didier Porchel, Eric
Péron, Steven Guegueniat.
Films, Filmoù : Saïg Ollivier
(Alcancia).
Graphisme, Graferezh : Fañch an Henaff.
Secrétariat, Sekretourva :
Véronique Chalm, Paskal Hervio.
Édition, Embannet eo Ar Roue Ubu gant
Skol-Vreizh.
Joué
par : Bob Simon, Nikol ar Vourc'h, Didier Porchel, Dominique
Uguen, Yann-Edern Jourdan, Marie-Jo Salou, Beltram ar Bourc'hiz,
Joëlle Planchon, Andre Ollivier, Denise Thouement, Jean-Luc
Mingam, Annie Mingam, Jean-Claude Merdy, Katy Marc'hig, Tangi Merien,
Joël Merien ha Goulc'han Kervella.